Le terme ingénierie politique à proprement parler n’est appréhendé ni par la science politique ni par la science sociale (1). Toutes les tentatives de définition de l’ingénierie appliquée à un domaine social se sont appuyées sur la définition classique de celle-ci. Selon le petit Larousse, l’ingénierie se rapporte à « l’étude d’un projet industriel sous tous ses aspects (technique, économique, monétaires et sociaux) et qui nécessite un travail de synthèse coordonnant les travaux de plusieurs équipes de spécialistes ». Cependant on ne peut nier le fait que les méthodes rigoureuses de l’ingénierie peuvent être adaptées à d’autres domaines. En effet, selon Thierry Ardouoin (2), « la finalité première d’une démarche d’ingénierie quel que soit le domaine, est la recherche d’une optimisation de l’investissement. Les objectifs du point de vue de l’ingénierie en général se situent dans la logique du renforcement de l’action, voire de la rentabilité ». Il est loisible dès lors parler de d’ingénierie pour tout, ou pour presque tout ce qui réunit les conditions précitées.
En effet, tout comme lorsqu’il s’était agi du social (3), on peut tout à fait admettre que pour la « politique », « des méthodes scientifiques ou techniques inspirées des méthodes d’ingénieur peuvent être adaptées au contexte politique par définition « non marchand (4)». Vue sous cet angle, l’ingénierie politique s’intéresserait alors « à l’efficacité de l’État en matière de réformes structurelles et institutionnelles ; elle est mise en œuvre à travers ce que le Dr Riad Bouriche (5) appelle « les instruments d’expertise, d’évaluation et d’ingénierie de l’action publique ».
L’ingénieur politique est donc la personne que ses connaissances rendent apte à concevoir, mettre en œuvre, analyser et évaluer « les instruments d’expertise d’évaluation et d’ingénierie de l’action publique (6) ».
L’action publique se manifestant toujours dans le cadre d’une société, elle ne peut faire l’économie de tout ce qui y découle de près ou de loin. Parce qu’elle se déploie dans un lieu potentiel de « conflits », parce qu’elle est également assise sur un corpus de règles de droit, elle peut en outre être source de conflits et de litiges. L’ingénierie politique devra alors englober la connaissance de ce que Michel Callon et Alain Rip appellent un «ensemble de règles et prescriptions concernant la nature et la forme des rapports entre certaines catégories d’humains et de non-humains» qui «se définit selon l’assemblage de trois pôles : – un «pôle scientifico-technique» qui construit les savoirs; – un «pôle sociopolitique et économique» composé d’acteurs humains, avec leurs compétences, leurs projets et leurs intérêts, lieu de conflits et de débats; – un «pôle réglementaire» renvoyant aux «procédures et règles qui constituent autant de directives ou de recommandations pour le travail des experts», la transgression de ces règles pouvant être source de litiges ». Appréhendée sous cet angle, l’ingénierie politique devient alors l’activité qui consiste en la conception, la mise en œuvre, l’évaluation et la gestion des institutions, des politiques étatiques et de leur corolaire. Il s’agit de tout ce qui concerne la paix, la diplomatie préventive, les bons offices, le dialogue politique, la démocratie et la gouvernance. L’ingénierie politique s’intéresse de ce fait à la bonne gestion des affaires publiques qui intègre les « nouveaux acteurs » notamment la société civile (lien de communication entre l’État et la population) ; les médias qui jouent un rôle important dans la promotion de la citoyenneté et de la démocratie et le secteur privé à côté des institutions traditionnelles. Tout cet arsenal doit être sous tendu par la communication, et plus spécifiquement la communication digitale qui s’avère de nos jours être un élément fondamental d’orientation de l’action gouvernementale. En rapprochant encore plus les citoyens de leurs dirigeants, la communication digitale donne beaucoup plus de sens à cette « accountability », cette « redevabilité » gage de l’efficacité et de la performance de la démocratie.
« Le lieu de conflit et de débat » que constitue l’État va aussi nécessiter une attention particulière à la promotion du vivre ensemble et de la cohésion sociale et le cas échéant de la réconciliation nationale. C’est dans tous ces domaines que les experts de IPITI Consulting interviennent pour faire la différence et accompagner les États, les institutions, la société civile le secteur privé et les populations dans le sens de l’avènement des changements profonds nécessaires afin de mettre la politique et l’action publique véritablement au cœur du développement et du bien-être des populations.
Dr. Aïchatou Mindaoudou, juriste et diplomate, PDG de IPITI Consulting
1 – Lorsqu’on lance la recherche, on trouvera en premier lieu les notions « d’ingénierie sociale (science politique), d’ingénierie financière, environnementale, d’ingénierie de la Santé, d’ingénierie pédagogique et d’ingénierie du développement local etc.,
2 – « L’ingénierie de formation : démarche d’ingénierie, unité 2 Master2 CIF 2010, cité par Giraud Marie Xavière, Mémoire de master ICF, Université de Rouen septembre 2010 page 19
3 – Frédéric Leplay a utilisé le terme ingénierie sociale pour la première fois au 19ème siècle. Cf ingénierie sociale (science poltiique) (2017 octobre 1) Wikipedia, l’encyclopédie libre, page consultée le 15 :33, septembre 4, 2018 à partir de http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Ingénierie_sociale_(science_politique)&oldid=141128263
4 – Cf ingénierie sociale (science politique) (2017 octobre 1) Wikipedia, l’encyclopédie libre, page consultée le 15 :33, septembre 4, 2018 à partir de http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Ingénierie_sociale_(science_politique)&oldid=141128263
5 – Riadh Bouriche* cf https://www.vitaminedz.com/l-ingenierie-politique-et-l-art-de-gouverner/Articles_15688_20034_16_1.html
6 – https://www.vitaminedz.com/l-ingenierie-politique-et-l-art-de-gouverner/Articles_15688_20034_16_1.html