Une manifestation publique implique généralement un nombre plus ou moins important de personnes qui se réunissent dans un lieu pour être visibles et audibles sur un sujet.
Se regrouper pour une cause dans des lieux publics pour se faire entendre est une forme d’expression qui tire ses origines dans la nuit des temps. Dans les formes les plus primitives de concentration humaine, nos ancêtres ne se sont-ils pas regroupés devant la case du chef pour manifester de la joie de retour d’une chasse fructueuse ou à la fin des récoltes abondantes ? Ou encore pour dénoncer collectivement une injustice, exprimer leur mécontentement ou tout autre sentiment qui requiert une expression collective suite à une situation en relation avec la vie communautaire ?
La manifestation symbolise une forme de liberté d’expression, une forme de communication publique, qui s’est au fil du temps et de l’évolution des sociétés, muée en droit de manifester pacifiquement que la Déclaration universelle des droits de l’homme consacre en ses articles 18-19-20.
De nos jours, il est de plus en plus fréquent que des manifestations censées être pacifiques dégénèrent dans la violence et le désordre causant des dégâts collatéraux à des tierces personnes ou portant atteinte aux biens publics.
Si plusieurs facteurs peuvent justifier les débordements violents, ils n’excusent pas pour autant la destruction de biens publics et privés et encore moins la perte en vies humaines. En effet, la puissance et l’efficacité des méthodes de mobilisation actuelles, défient la capacité et la robustesse des structures et des mécanismes étatiques légaux de maintien de l’ordre.
Ordre public et manifestation
La question de l’ordre public se pose principalement en ce qui concerne la voie publique car c’est là que s’exerce le droit d’aller et venir et la liberté d’expression dont l’une des formes d’expression est la manifestation publique. Un ancien Préfet de Police de Paris, Philippe Massoni, disait à juste titre que « l’ordre public est le point d’équilibre entre le désordre acceptable et l’ordre nécessaire ». La recherche de cet équilibre devient parfois périlleuse pour les autorités de maintien de l’ordre.
Ce « désordre acceptable » amène les dirigeants à légiférer encore plus durement ce qui entraine d’interminables diatribes sur leur capacité ou incapacité à gérer de grands rassemblements et les atteintes au droit à liberté d’expression, tandis que certains médias et analystes de phénomènes de société en profitent pour faire de la désinformation et de la manipulation au détriment des raisons intrinsèques de la manifestation.
En conclusion, lorsque les manifestations dégénèrent, les violences, le désordre et la confusion engendrés affaiblissent le message collectif qui devient inaudible, anéantissant par là même son rôle supposé d’influence sur des opinions, voire de recherche de dialogue et d’adhésion.
À moins que la manifestation vise à renverser le Prince surtout dans un régime non démocratique comme en témoignent des exemples récents de l’Algérie, du Burkina-Faso, de l’Égypte, du Soudan ou de la Tunisie. En France les gilets jaunes avaient commencé à demander le départ du Président. Mais la solidité des Institutions démocratiques a rendu cette demande inopérante.
Kadidia Coulibaly IPITI Consulting – Partner
Abidjan, 22 mai 2019